La détection des signaux faibles, un préalable déterminant à la sûreté des entreprises et de leurs collaborateurs

  • 12/01/2024
  • Audit
  • Paula COHU, Expert Sûreté – Département Sûreté FIDUCIAL Sécurité

Le vingt-et-unième siècle a été le témoin de mutations profondes dans tous les domaines : social, économique, politique, géopolitique… À l’équilibre de l’époque de la Guerre Froide, a succédé l’explosion de conflits plus complexes.

À l’heure actuelle, les crises mettant en cause de façon bien plus courante la population civile se multiplient. Le terrorisme (pouvant atteindre n’importe qui, n’importe où et n’importe quand) est un exemple révélateur des nouvelles menaces de notre temps, telles que le vol de données, les cyberattaques, la radicalisation, la prolifération nucléaire

Pour faire face aux défis d’un environnement international de plus en plus instable, la France a, ces dernières années, tenté d’ajuster sa posture de défense.

Élaborée à la demande d’Emmanuel Macron à son arrivée à l’Élysée, la « revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017 » a été révisée en 2021, à la lumière de risques accrus. La ministre des Armées de l’époque, Florence Parly, en avait dévoilé les enjeux en début d’année 2021. 

Elle avait alors mis en lumière les trois grandes menaces auxquelles nous faisons face, ayant des conséquences sur notre sécurité :

  • Le terrorisme ;
  • La prolifération des armes de destruction massive ;
  • Le durcissement de la compétition entre puissances.

Ces menaces apparaissent par ailleurs par des moyens beaucoup moins prévisibles et incontrôlables tels que « l’utilisation de groupes armés, le cyber, le spatial, la manipulation de l’information ou l’instrumentalisation du droit ».

Si l’on se focalise sur la menace terroriste, celle-ci a profondément changé de nature, notamment avec l'évolution des formes d'actes terroristes. La menace terroriste est en effet mouvante : il faut s'adapter en permanence et prendre en compte les évolutions des comportements des auteurs

À la suite des attentats qui ont frappé notre pays en 2015 à Paris puis en juillet 2016 à Nice, le Gouvernement avait complété l'arsenal juridique et mis en place un renforcement sans précédent des moyens et des effectifs dans la police, la justice, l'armée et les services de renseignement. 

En témoigne la création par décret en mars 2015 du Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), un fichier centralisé permettant la circulation de l’information entre les services engagés dans la lutte contre le terrorisme. Moins connu du grand public que le fichier S qui recense toute personne susceptible de menacer la « sûreté de l’État », le fichier FSPRT n’en est pas moins un outil essentiel dans la lutte contre le risque terroriste. Grâce à lui, il est possible de savoir qui est signalé pour radicalisation, mais également quel service assure son suivi du fait de sa dangerosité supposée, ce qui permet une optimisation de la répartition des tâches

L’organisation de la société civile suite aux attentats de 2015

Le Gouvernement avait lancé une campagne de sensibilisation pour mieux préparer et protéger les citoyens face à la menace terroriste. L’affiche « Réagir en cas d’attaque terroriste » donne ainsi des instructions pratiques qui s'articulent autour du polyptyque : s’échapper, se cacher, alerter, résister. De même, le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN) avait adressé au grand public la fiche de « Signalement de situations suspectes », permettant la mise en exergue de conseils simples visant à repérer des comportements potentiellement dangereux

Par le biais de cette campagne de sensibilisation, l’objectif était de faciliter à la fois la détection d’une éventuelle menace et la réaction en cas d’attaque terroriste

À l’échelle de l’entreprise, la détection des signaux faibles, qui consiste en la perception de l’environnement, offre la possibilité d'anticiper les crises et de s'adapter à une situation donnée. Cette démarche permet à la fois de renforcer en continu l’apprentissage de gestes simples et d’agir le plus efficacement possible face à une situation de crise pouvant avoir un impact significatif sur le personnel et sur l’activité.

Qu’est-ce que les signaux faibles ?

Face à la multiplication et à la mutation des menaces (économique, sanitaire, sécuritaire, réputationnelle, etc.), les entreprises doivent être conscientes des risques de malveillance auxquels les activités et le personnel peuvent être exposés, afin d’assurer la pérennité de la société. 

La notion de signal faible remonte aux années 1970. Igor Ansoff le définit comme « une information d’alerte précoce, de faible intensité, pouvant être annonciatrice d’une tendance ou d’un événement important ». Ainsi, un événement serait toujours annoncé par des données qui nous permettraient de l’anticiper : les signaux faibles.  

Dès lors, il est fondamental de créer une culture de sûreté en inculquant aux parties prenantes internes qu’elles peuvent participer à leur échelle au fait de proposer un environnement de travail sécurisé. Pour cela, il s’avère indispensable de garder un comportement de sûreté permanent afin d’être attentif aux signaux faibles et aux actes de malveillance. Chacun a un rôle à jouer dans la prévention d’un passage à l’acte, quel qu’il soit. En étant attentif à son environnement, tout le monde peut remarquer et signaler des faits, objets ou comportements suspects. De simples indices repérés peuvent ainsi permettre de prévenir un acte malveillant. 

 

Comment détecter ? 

Il convient de faire appel à son bon sens et à son intuition, en se demandant si un comportement mérite ou non un signalement.  

Un individu sur le point de commettre un acte de malveillance manifestera un comportement pouvant trancher avec son environnement : 

  • Tenue vestimentaire inadaptée pour la saison ;
  • Gestuelle inhabituelle : agressivité, personne sur la défensive, signes de stress ou d’anxiété ou de dissimulation ;
  • Posture : déplacement avec gène (rigidité du corps, manque de souplesse), mouvements saccadés, mains gantées ou dissimulées sous une veste/dans un sac ;
  • Signes physiologiques : sueur, pâleur, tremblements.

 

Comment réagir ?

Si une personne est témoin d’un comportement suspect, elle doit garder une posture de discrétion, tout en observant et mémorisant les éléments qui pourraient être transmis (description du ou des individu(s), direction de fuite, modèle de véhicule et plaque d’immatriculation…). Elle doit ensuite transmettre immédiatement ces éléments aux forces de l’ordre et à ses supérieurs. 

Etat de la menace en France

Bien que la propagande de l'Etat islamique ait considérablement évolué depuis 2015, la DGSI observe un regain d'intérêt pour cette organisation terroriste et l’idéologie islamiste, surtout chez de jeunes radicalisés. Les anciennes vidéos de propagande de l'organisation continuent de circuler sur les réseaux sociaux, attirant la jeune génération. 

De manière générale, la France est confrontée à une redynamisation de la menace endogène. Depuis 2017, 43 attentats ont été déjoués en France soit un tous les deux mois en moyenne et des attentats meurtriers ont lieu chaque année en France de façon ininterrompue depuis 2015.  

Par ailleurs, on compte un peu plus de 5 000 personnes au FSPRT (repérées par des signaux faibles), le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, dont 1 600 suivis par la DGSI (profils les plus sensibles requérant un haut niveau de surveillance). 

Notons que l’instabilité psychique des personnes radicalisées renforce tant l’imprévisibilité que le risque de passage à l’acte. Il s’agit d’un sujet prédominant puisqu’environ 20 % d'entre eux souffrent de troubles psychiatriques, à l’instar de l’auteur de l'attaque du pont de Bir-Hakeim à Paris le mois dernier. 

La détection des signaux faibles, un enjeu prégnant pour les entreprises face à la multiplication des menaces

En signalant une situation suspecte, on protège non seulement l’intéressé, mais également la société dans son ensemble. C’est la combinaison de plusieurs signes qui engendre une forme de cohérence et permet une vigilance accrue et efficiente. Ainsi, la détection des signaux faibles est un préalable déterminant à la sûreté des entreprises et de leurs collaborateurs. 

Grâce aux différentes prestations qu’il propose et en s’appuyant sur la diversité des expériences en sûreté de ses collaborateurs, le Département Sûreté de Fiducial Sécurité aide les acteurs à mieux appréhender les enjeux de sûreté et les conseille dans la mise en place de leurs projets. Elle accompagne ainsi les organisations dans la définition et la mise en œuvre d’une architecture de sûreté globale : politique de sûreté, management de la sûreté, gestion d’incidents, ou encore sensibilisations à la sûreté.

Paula COHU, Expert Sûreté – Département Sûreté FIDUCIAL Sécurité

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